lundi 19 octobre 2009

Affects ou émotions ?


Fort judicieusement, Ilona Boniwell clarifie les choses en termes de concepts : affects ou émotions ? Selon elle, c’est comme si les psychologues ouvraient un parapluie en recourant au terme d’« affects » dès lors qu’il est question d’émotions positives ou négatives, de sentiments ou d’humeur comme nous en vivons fréquemment. Dans son ouvrage, elle prend en considération les émotions positives et l’intelligence émotionnelle.


La valeur des émotions positives
Initialement, la psychologie s’est tournée vers les émotions négatives ou les affects négatifs comme la dépression, la colère, la tristesse, l’anxiété, le stress, leur compréhension et l’étude de leurs impacts. Ce n’est que récemment que les émotions positives ont fait l’objet de recherches spécifiques destinées à identifier leur intérêt. Barbara Fredrickson est l’une des premières à avoir exploré ce concept. Autant les émotions négatives sont associées à des comportements particuliers, à titre d’exemples la peur permet d’échapper à une menace, la colère d’adopter des comportements d’attaque, les émotions positives ne sont pas associées à des comportements particuliers. La question est donc de savoir à quoi elles peuvent servir à part à se sentir bien.

La théorie de « l’extension et de la construction » des émotions positives développée par B. Fredrickson (« broaden-and-build » theory of positive emotions, 2001) montre que les expériences affectives positives contribuent et ont un effet à long terme sur la croissance et le développement personnel grâce à une série d’effets conjoints.

o Les émotions positives ouvrent notre répertoire « pensées-actions »,

o Les émotions positives « effacent » les émotions négatives,

o Les émotions positives stimulent la résilience,

o Les émotions positives permettent la construction d’un répertoire psychologique,

o Les émotions positives déclenchent une spirale ascendante dans le développement de l’individu.

De nombreuses recherches ont mis en évidence les bénéfices des émotions positives. Cela implique t’il que les émotions négatives n’ont que des conséquences négatives ? Faut-il fuir tout ce qui est négatif ? En fait, il est question d’un ratio de 3/1 entre positif et négatif. Autrement dit, si vous faites l’expérience d’une émotion négative lors d’un événement particulier, ressentir au moins trois émotions positives permet de revenir à un équilibre et à un développement harmonieux. Par contre, un ration de 8 émotions positives pour 1 négative par exemple aurait des effets contre productifs. En effet, les émotions négatives ont aussi un certain nombre d’impacts positifs.

• Les émotions négatives aident au déclenchement de changements fondamentaux dans la personnalité (Lazarus, 2003),

• Les émotions négatives peuvent nous pousser dans nos retranchements et à toucher notre « moi » profond,

• Les émotions négatives facilitent l’apprentissage, la compréhension de nous-même et notre connaissance du monde,

• Faire l’expérience d’émotions négatives et leur faire face peut avoir des conséquences sociales positives comme la modestie, les considérations morales, l’attention tournée vers les autres et l’empathie.

Certains considèrent qu’il est tout à fait illusoire de vouloir classifier les émotions ainsi. En effet, certaines peuvent présenter des aspects positifs et négatifs, à l’instar de la fierté qui est considérée comme une émotion positive dans les pays de l’Ouest, alors qu’elle est plutôt vue comme un « péché » dans les sociétés plus collectivistes. Les émotions doivent donc être associées au contexte dans lequel elles sont ressenties afin de pouvoir identifier leur valence positive ou négative.

Suite au prochain épisode pour l’intelligence émotionnelle ! A bientôt !

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