dimanche 25 octobre 2009

L'Intelligence Emotionnelle

L’intelligence émotionnelle

Attribué à tort à Daniel Coleman en 1995, ce sont John Mayer et Peter Salovey (1990) qui sont à l’origine de ce concept. L’intelligence émotionnelle se réfère à la capacité à reconnaître et à gérer ses propres émotions ainsi que celles de ceux qui nous sont proches (charge émotionnelle liée à la victoire dans la célèbre course Oxford-Cambridge, cf photo). Elle est souvent réputée être plus importante que le QI classique dans la réussite professionnelle et la réalisation des buts personnels. Ilona Boniwell présente le modèle Mayer – Salovey – Caruso (2004) selon lequel il y a quatre déterminants.

1. La perception des émotions : C’est la capacité à identifier les émotions à partir des expressions du visage, du ton de la voix, voire les œuvre d’art. Ceux qui ont cette capacité envers eux-mêmes et les autres sont susceptibles d’être capables de faire preuve d’empathie, d’en tirer un bénéfice dans les situations d’interaction sociale et de comprendre les autres ;

2. Utiliser les émotions pour faciliter la pensée : Les émotions ont le pouvoir de nous faire changer notre manière de penser. Quand on est heureux tout est possible, alors que quand on est triste, nous sommes envahis de pensées négatives. Ce déterminant se réfère à notre capacité à utiliser les émotions dans la résolution de problèmes, le raisonnement, la prise de décision et la créativité ;

3. Comprendre les émotions : Il ne suffit pas d’identifier les émotions, il faut aussi comprendre le message qu’elles véhiculent. Pourquoi ressentons nous certaines émotions ? D’où viennent elles ? Où nous conduisent elles ? Il est important de comprendre par exemple que le fait d’être énervé va nous conduire à la colère, et à des éclats imprévisibles. Les personnes émotionnellement intelligentes sont capables de mettre des mots appropriés sur les émotions qu’ils ressentent, et par conséquent de comprendre la complexité de ce qu’ils ressentent, même dans des états émotionnels contradictoires ;

4. Gérer les émotions : Il ne s’agit pas ici d’évacuer toute émotion négative ou perturbante mais d’apprendre comment les contrôler. Certains considèrent qu’en situation difficile, ils n’y peuvent rien, d’autres considèrent qu’ils peuvent faire quelque chose pour se sentir mieux. Ceux qui sont bons dans la gestion des émotions sont souvent capables d’aider aussi les autres à gérer les leurs.

Les différents déterminants prennent tous leur sens quand ils sont appliqués à la vie quotidienne. En effet, une personne peut tout à fait faire preuve d’écoute, être capable de comprendre les autres et même ce qu’ils ressentent, mais être incapable d’établir le contact avec eux parce qu’elle ne possède pas les clés de la communication non verbale. Dans cet exemple précis, l’intervention révèle toute sa pertinence, notamment dans sa facette « perception des émotions ».

Bien sûr, ce concept pose en lui-même un certain nombre de problèmes. Par exemple, ne serait-il pas judicieux d’ajouter certains déterminants ou d’en supprimer ? Est-il vraiment question d’émotions ou d’habileté à les conceptualiser ? Quelle est la meilleure manière de la mesurer ?

Ilona Boniwell présente quelques clés destinées à développer cette intelligence dans la rubrique « Tips and Tools ». Bonne lecture !

lundi 19 octobre 2009

Affects ou émotions ?


Fort judicieusement, Ilona Boniwell clarifie les choses en termes de concepts : affects ou émotions ? Selon elle, c’est comme si les psychologues ouvraient un parapluie en recourant au terme d’« affects » dès lors qu’il est question d’émotions positives ou négatives, de sentiments ou d’humeur comme nous en vivons fréquemment. Dans son ouvrage, elle prend en considération les émotions positives et l’intelligence émotionnelle.


La valeur des émotions positives
Initialement, la psychologie s’est tournée vers les émotions négatives ou les affects négatifs comme la dépression, la colère, la tristesse, l’anxiété, le stress, leur compréhension et l’étude de leurs impacts. Ce n’est que récemment que les émotions positives ont fait l’objet de recherches spécifiques destinées à identifier leur intérêt. Barbara Fredrickson est l’une des premières à avoir exploré ce concept. Autant les émotions négatives sont associées à des comportements particuliers, à titre d’exemples la peur permet d’échapper à une menace, la colère d’adopter des comportements d’attaque, les émotions positives ne sont pas associées à des comportements particuliers. La question est donc de savoir à quoi elles peuvent servir à part à se sentir bien.

La théorie de « l’extension et de la construction » des émotions positives développée par B. Fredrickson (« broaden-and-build » theory of positive emotions, 2001) montre que les expériences affectives positives contribuent et ont un effet à long terme sur la croissance et le développement personnel grâce à une série d’effets conjoints.

o Les émotions positives ouvrent notre répertoire « pensées-actions »,

o Les émotions positives « effacent » les émotions négatives,

o Les émotions positives stimulent la résilience,

o Les émotions positives permettent la construction d’un répertoire psychologique,

o Les émotions positives déclenchent une spirale ascendante dans le développement de l’individu.

De nombreuses recherches ont mis en évidence les bénéfices des émotions positives. Cela implique t’il que les émotions négatives n’ont que des conséquences négatives ? Faut-il fuir tout ce qui est négatif ? En fait, il est question d’un ratio de 3/1 entre positif et négatif. Autrement dit, si vous faites l’expérience d’une émotion négative lors d’un événement particulier, ressentir au moins trois émotions positives permet de revenir à un équilibre et à un développement harmonieux. Par contre, un ration de 8 émotions positives pour 1 négative par exemple aurait des effets contre productifs. En effet, les émotions négatives ont aussi un certain nombre d’impacts positifs.

• Les émotions négatives aident au déclenchement de changements fondamentaux dans la personnalité (Lazarus, 2003),

• Les émotions négatives peuvent nous pousser dans nos retranchements et à toucher notre « moi » profond,

• Les émotions négatives facilitent l’apprentissage, la compréhension de nous-même et notre connaissance du monde,

• Faire l’expérience d’émotions négatives et leur faire face peut avoir des conséquences sociales positives comme la modestie, les considérations morales, l’attention tournée vers les autres et l’empathie.

Certains considèrent qu’il est tout à fait illusoire de vouloir classifier les émotions ainsi. En effet, certaines peuvent présenter des aspects positifs et négatifs, à l’instar de la fierté qui est considérée comme une émotion positive dans les pays de l’Ouest, alors qu’elle est plutôt vue comme un « péché » dans les sociétés plus collectivistes. Les émotions doivent donc être associées au contexte dans lequel elles sont ressenties afin de pouvoir identifier leur valence positive ou négative.

Suite au prochain épisode pour l’intelligence émotionnelle ! A bientôt !

vendredi 16 octobre 2009

La Psychologie Positive pas à pas avec Ilona Boniwell



Bonjour !


Les petits messages qui vont suivre sont tirés du dernier ouvrage que je vous ai proposé, « Positive Psychology in a Nutshell » écrit par Ilona Boniwell en 2006, avec qui je suis pris en flagrant délit de discussion. Je vais vous proposer pas à pas les différents thèmes qui sont abordés de manière synthétique. L’avantage ici, c’est que ce sera en français. Mais je vous confirme que l’ouvrage en langue anglaise est facile d’accès.

La Psychologie Positive se décline à trois niveaux, d’abord au niveau subjectif, au niveau de l’individu, puis à celui du groupe.

Le niveau subjectif comprend les expériences positives comme la joie, le bien-être, la satisfaction, le bonheur, l’optimisme ou les expériences optimales (ou états de grâce). Il y est question de se sentir bien plutôt que de bien faire ou d’être une bonne personne.

Le second niveau concerne les composantes de la « bonne vie », et des qualités personnelles requises pour être une « bonne personne ». Les thèmes qui sont abordés ici sont les forces de caractère et les vertus, la « conscience » du futur, la capacité à aimer, le courage, la persévérance, la capacité à pardonner, l’originalité, la sagesse, les habiletés interpersonnelles et le talent.

Au dernier niveau figurent l’esprit civique, le sens des responsabilités sociales, la capacité à prendre soin des autres, l’altruisme, la courtoisie, la tolérance, l’éthique au travail, et tous les autres facteurs qui peuvent contribuer au développement de la citoyenneté et des communautés.

En questionnant les différents thèmes aux différents niveaux, la question qui est posée est ce savoir ce qui marche plutôt que de se demander ce qui ne va pas chez quelqu’un ou dans une structure donnée.

A la lecture de ces propos, la roue semble réinventée ! (termes adoptés par Ilona Boniwell, p.5). En fait, les racines de la Psychologie Positive remontent à Aristote selon qui les humains seraient poussés par un esprit, le daimon, pour atteindre ce qui serait bon pour eux. Beaucoup plus tard, Carl Rogers a introduit le concept de personne en pleine possession de ses moyens, et Abraham Maslow, qui a utilisé en premier le concept de Psychologie Positive, a mis l’accent sur l’épanouissement de la personnalité. En résumé, la Psychologie Positive tire ses racines de la philosophie post-Lumière et morale, de la prévention et du bien-être, des philosophes grecs, d’Allport, et des psychologues humanistes comme Rogers et Maslow (Boniwell, 2006, p. 5-6).
Prochain épisode, vos émotions et vous... A suivre donc…